Comment optimiser la prise en charge des exigences réglementaires ?
La loi PACTE s’ajoute à la très riche actualité réglementaire des dernières années. Elle renforce l’opportunité d’une approche progicielle qui permet d’optimiser les budgets informatiques. Les assureurs pourront ainsi réorienter leurs investissements vers la création de valeur pour le client final.
Eclairage avec Gilles Guedj, Directeur Général de l’industrie Assurance sur l’Europe du Sud chez DXC
Les compagnies d’assurance tirent régulièrement le signal d’alarme sur la charge induite par le « réglementaire ». Quelle est votre appréciation de l’acuité du problème chez vos clients ?
« Les évolutions réglementaires s’imposant uniformément à tous les acteurs de place, l’opportunité de les confier à un éditeur de progiciel ne fait guère débat »
Le réglementaire est effectivement porteur d’enjeux multiples chez nos clients, notamment celui de son financement car il s’inscrit dans un contexte de dégradation de la profitabilité.
Nos clients s’accordent à estimer que l’impact sur la marge opérationnelle des différentes dispositions réglementaires édictées au cours des 3 dernières années est compris entre 0,5 et 2 points. Cette fourchette révèle des situations hétérogènes selon les activités (IARD/Santé vs. épargne/prévoyance), la taille du portefeuille (et donc la capacité à amortir les investissements sur un volume d’affaires important) mais aussi la stratégie informatique.
La loi Pacte a rajouté une couche supplémentaire de complexité et a monopolisé une part importante des budgets informatiques de l’année 2019, notamment pour les acteurs dotés de solutions propriétaires.
La baisse des taux d’intérêt qui pèse sur la rentabilité des assureurs renforce l’importance d’optimiser l’effort de mise en conformité réglementaire et ainsi consacrer l’essentiel des budgets au développement du business.
Quels sont les leviers activés par les assureurs pour optimiser la prise en charge du « réglementaire » ?
Les évolutions réglementaires s’imposant uniformément à tous les acteurs de place, l’opportunité de les confier à un éditeur de progiciel ne fait guère débat.
Pour les compagnies – notamment celles dont la taille ne permet pas d’amortir les développements sur un volume important de clients - s’adosser à une plateforme applicative déjà choisie par plusieurs acteurs importants sur leur marché permet donc de reporter sur l’éditeur les coûts de développement liés au réglementaire. L’attention du métier et la bande passante informatique peuvent ainsi être concentrées sur les initiatives créant de l’avantage concurrentiel et visibles par le client final.
Cette approche progicielle présente en outre l’intérêt de libérer la compagnie de la gestion des compétences sur les applications (recrutement de profils « tendus » sur le marché, départs à la retraite des sachants sur les outils propriétaires…).
Mais le réglementaire ne peut-il pas être aussi une source d’avantage concurrentiel pour les assureurs ?
Oui, car le réglementaire n’a pas comme seule vocation de réguler le marché, mais aussi de le dynamiser. L’ANI pour la santé collective, la loi Hamon pour l’assurance dommages et plus récemment la loi Pacte sur l’épargne et la retraite en sont de bons exemples.
En réorientant l’épargne des français vers l’économie réelle en rallongeant l’horizon de placement, la loi Pacte permet aux assureurs de réconcilier devoir de conseil et orientation des clients vers les unités de compte, plus margées. C’est donc une opportunité pour toute la profession.
En revanche, seuls les acteurs qui se positionneront vis-à-vis de leurs clients comme point d’entrée privilégié sur l’épargne de précaution tireront leur épingle du jeu, sans quoi les clients iront plus naturellement vers les banques, qui gèrent déjà 60% des avoirs détenus dans l’assurance-vie et peuvent maintenant proposer le PER.
Ce positionnement de « one-stop-shop » va nécessiter des investissements massifs sur les front-ends, l’expérience client, l’agrégation sous toutes ses dimensions (épargne y compris salariale). Ceux qui auront en parallèle simplifié et modernisé leur IT seront beaucoup mieux armés pour relever le challenge.
Solder la dette technique devient dès lors pour les assureurs un enjeu stratégique : chez certains de nos clients, le fonctionnel ne représente plus que 30% du coût total des évolutions, les 70% restants étant engloutis dans les interfaces. Cela veut dire que plus de 2/3 des investissements informatiques créent peu de valeur pour le client final.
Nos clients en sont conscients puisque notre dernière étude DXC / The Economist Intelligence Unit a mis en lumière que 46% d’entre eux considèrent leurs technologies « legacy » comme un point de blocage de leur stratégie digitale.
En résumé et plus largement, quels conseils donnez-vous à vos clients assureurs pour optimiser la prise en charge du réglementaire ?
Aux acteurs dont les solutions IT sont propriétaires - notamment ceux de taille intermédiaire –, nous conseillons de réévaluer l’option d’une transition vers une plateforme s’appuyant sur un progiciel leader qui peut mutualiser les coûts de mise à niveau réglementaire sur un périmètre large de clients. DXC étant éditeur et intégrateur privilégié de GraphTalk (solution de gestion pour l’assurance) et de SICS (solution de gestion pour la réassurance), nous pensons être bien placés pour accompagner nos clients sur cet aspect de leur transformation.
A tous les assureurs - mais surtout ceux qui se sont constitués par croissance externe et rapprochements – nous suggérons de considérer la loi Pacte comme une opportunité réelle pour simplifier le portefeuille de produits et décommissionner des SI obsolètes. Là-aussi, DXC est bien placé pour les accompagner car nous sommes en mesure de mobiliser toutes les compétences nécessaires (consulting, analytics, IT applications, ITO et cloud) pour embrasser les sujets sous toutes leurs facettes.
C’est en activant ces deux leviers – progicialisation des applications et simplification - que les compagnies d’assurance pourront libérer l’oxygène et créer l’agilité nécessaire pour s’imposer comme le partenaire préféré de leurs clients sur l’épargne de précaution.